L’hippodrome

J’ai des amis, Rudi et Anne pour ceux qui les connaissent, qui ont un voisin qui a un cousin qui est vétérinaire en argentine. Grâce à Rudi j’ai pu contacter le cousin en question qui m’a mis en contact avec un de ses copains de fac, également vétérinaire mais qui travaille à l’hippodrome palermo de buenos aires. Tout ça non pas pour dire que j’ai des relations mais que j’ai pu sortir des sentiers battus touristiques argentins en passant trois jours à l’hippodrome et dans le village hippique qui y est rattaché.

Ca a l’air de rien comme ça, mais il y a quand même mille cinq cent boxs dont les deux tiers sont occupés en permanence par des chevaux de course sacrément racés. Tous ces boxs sont dans un véritable petit village où travaillent, et vivent pour certains, tous les palefreniers, jockeys, vétérinaires et maréchaux-ferrants.

Au delà des chevaux eux mêmes je me suis intéressé au travail des maréchaux dans l’optique de le comparer avec ce que j’avais déjà vu pratiquer en france. Les deux maréchaux que j’ai suivi pendant ces trois jours ont dans l’ensemble des pratiques très proche de celles que j’avais pu voir en france. Il y a quelques variations minimes comme de n’utiliser qu’exceptionnellement le rogne-pied ou de ne ferrer presque qu’à froid qui me semblent plus liées à des habitudes personnelles qu’à une véritable identité culturelle. Mais les différences les plus marquantes me semblent liées à la fois au faible coût de la main d’oeuvre et à la possibilité pour tout un chacun de se prétendre maréchal-ferrant sans avoir obtenu de diplôme ni même suivi de formation. Du coup ils ferrent presque “à la française”, c’est à dire avec quelqu’un qui leur maintient le pied du cheval pendant qu’ils brochent les clous. Mais la personne qui tient le pied n’utilise pas de sangle, et à mon avis se détruit le dos, contrairement à ce qui se faisait en france avant que les maréchaux ne ferrent “à l’anglaise”, c’est à dire sans aide pour maintenir le pied du cheval.

En plus de pouvoir assister à leur travail j’ai pu partager bien plus et en particulier deux moments forts du quotidien argentin. D’une part j’ai bu le maté avec eux, apprenant aux dépends de ma lèvre qu’il faut savoir se méfier de l’eau trop chaude. D’autre part j’ai participé à un assado, véritable festin de viandes grillées qui remplace avantageusement les déjeuners sur le pouce. A cette occasion j’avais apporté une bouteille de vin qui leur a permis de me montrer comment sortir un bouchon d’une bouteille vide sans la casser.

J’ai aussi profité d’être à l’hippodrome pour assister à quelques courses, une partie de l’univers équin qui m’était totalement étranger. Tout commence par un contrôle vétérinaire, avant que le palefrenier n’amène le cheval dans le box de préparation. Là il va lui apporter les derniers soins, remplacer le licol par le filet et la serviette sur la croupe par le tapis sur le dos. La selle qui n’en a que le nom, puisque qu’il s’agit d’une plaque de cuir avec deux crochets pour tenir les étrivières, est maintenue par une sangle d’un seul tenant qui la plaque contre le tapis. Une fois le cheval préparé, il va le faire marcher dans le paddock dont le sol est recouvert d’un revêtement synthétique, comme les pistes d’athlétisme.

C’est là que les chevaux vont commencer à s’échauffer, doucement, au pas de ceux qui les tiennent par le mors. C’est aussi là que le public peut commencer à admirer ces bêtes de course pour confirmer ou modifier leur pronostic initial. On peut jauger les corps athlétiques, tellement travaillés pour être efficaces dans le galop qu’ils donnent l’impression d’être boiteux quand ils sont au pas. On peut aussi mesurer la nervosité de chacun, déjà excité par la course à venir. Certains vont se mettre à piaffer, d’autres faire un écart au moindre mouvement brusque dans le public et il y en a qui resteront impassibles quoi qu’il arrive.

Petit à petit les jockeys vont venir, aussi minuscules que les chevaux sont grands, et un par un ils vont chevaucher leur monture. Pour cela ils se mettent sur la pointe des pieds, attrapent la crinière et s’enroulent littéralement autour du corps du cheval dans un mouvement gracieux qui leur permet de se retouver assis sur son dos. A partir du moment où le jockey a les rennes en main, c’est lui qui devient le maître et le palefrenier ne reprendra le cheval qu’après la fin de la course.

Rapidement les jockeys amènent leurs champions sur la piste, remontant au pas la section du sprint final devant les gradins avant de s’élancer dans un galop d’échauffement devant tout le public. Les chevaux les plus nerveux sont accompagnés d’auxiliaires, montés sur des chevaux plus calmes, pour les maintenir par la tête et les ralentir dans ce premier galop car il s’agit surtout de s’échauffer et non pas de dépenser toute son énergie avant la course. Enfin ils vont tous s’aligner sur la ligne de départ et les paris sont clos.

Quand les chevaux s’élancent la voix du commentateur commence à faire vibrer les hauts-parleurs placés un peu partout. Chacun essaye de deviner ce qui se passe à l’autre bout du champ de course sans trop y parvenir. Mais rapidement les premiers chevaux arrivent sur la dernière ligne droite, leurs jockeys flottants dans l’air au dessus d’eux. La voix du commentateur s’accélère alors qu’une grande partie du public se lève et hurle des encouragements, chacun pour son favori.

La ligne d’arrivée est franchie et déjà les hauts-parleurs énumèrent l’ordre des chevaux. Les jockeys ralentissent leurs montures avant le virage au bout de la ligne droite et pendant que les palefreniers vont faire marcher les chevaux déjà libérés de leurs sangles le gagnant remonte vers la ligne d’arrivée. Comme les autres il a la robe luisante de sueur et striée de veines en relief, mais lui va devoir poser avec son jockey, son propriétaire et des membres de leurs familles. Les photografes et caméramens s’activent pendant que le cheval s’impatiente et les autres se congratulent.

Les hauts-parleurs rediffusent le commentaire de la course et le gagnant va enfin pouvoir se diriger vers la douche alors que les premiers chevaux de la course suivante entrent dejà sur le champs de course. Avec un départ toutes les demi heures la gloire aura été courte.

8 commentaires pour “L’hippodrome”

  1. LN dit :

    Très intéressant pour toi !!
    Alors comment fait-on sortir le bouchon ??
    LOL

  2. tGomas dit :

    Il me semblait bien avoir oublié de mettre une note de bas de page. Ceux qui veulent savoir comment sortir le bouchon peuvent nous inviter à manger à notre retour et je leur montrerai comment faire. J´apporterai volontier la bouteille mais pour ne pas être taxé de trucage je préfère qu´elle soit fournie par une tierce personne, il faut juste que l´on puisse faire rentrer le bouchon dans la bouteille après l´avoir vidée (ce qui exclut malheureusement les bouteilles de champagne…) .

  3. erwann dit :

    moi moi moi
    et puis si on se loupe, on en ouvrira une autre…
    après tous ces plats on vous branchera sur le curry thai…

  4. Loll dit :

    Moi je sais !! moi je sais !!
    Mais si tu veux venir manger tu es le bienvenue quand même ;)

  5. tGomas dit :

    @erwann: je sens qu’on va se louper une bonne paire de fois.

    @Loll: Où as tu bien pu apprendre ce tour de pochtron toi? Et pour l’invitation j’accepte mais on est deux.

  6. Sylvain dit :

    C’est moi qui lui ai appris.

  7. Sylvain dit :

    Après discussion avec Lolo au téléphone, il s’avère que nous ne connaissons pas la même technique. Du coup, je dois bien avouer que c’était pur foutage de gueule que de me prétendre le prof de Lolo sur ce coup. Lui, connaît une technique avec une bouteille vide. Pour ma part, c’est une technique pour une bouteille pleine pour le cas où tu n’as pas de tire-bouchon mais que tu ne veux pas boire toute la bouteille d’un coup.

    Comme de toute façon, ni l’un ni l’autre n’avons testé notre technique respective, il faudra organiser une soirée spéciale. Tout ce que je peux dire, c’est que l’une utilise un lacet et l’autre une poche plastique. Alors Thomas ? Est-ce que ta technique est l’une de ces deux ou est-elle encore différente ?

  8. tGomas dit :

    Pas de problème pour la soirée spéciale, ma technique est surement la même que celle de Lolo, mais je l´ai déjà mise en pratique un bon nombre de fois, il faut dire qu´en voyage les occasions sont nombreuses d´épater tes nouveaux potes autour d´une bouteille de vin.
    Mais ta technique me semble aussi très intéressante, il m´arrive parfois d´oublier mon tire-bouchon et elle me semble être la solution idéale pour ce genre de désagrément.