Vous avez de la chance
Depuis que nous avons commencé à préparer notre voyage, puis tout au long de notre périple, on nous a souvent fait cette remarque. Quasi systématiquement j’ai répondu ou du moins pensé très fort que la chance n’avais rien à voir là dedans. A mes yeux il s’agissait de choix et non pas de chance.Tout d’abord le choix de faire une pause pour partir découvrir une autre partie du monde, et ce n’est pas forcément le plus facile à faire quand on sait ce qu’on laisse sans savoir ce qu’on retrouvera au retour. Puis le choix de financer ce voyage en travaillant pour économiser plutôt que de s’acheter, par exemple, un monospace avec un cercle en plastique, on appuie dessus, ça sort, ça fait porte gobelet, et un truc très pratique, pour ranger les pièces de monnaie.
Bien sur nous ne devons pas tout à nous même et il y a des proches qui, sous le couvert d’un vieux mythe barbu avec une hôte sur le dos, ont participés eux aussi à leur manière, comme d’autres ont pu nous héberger au pays de l’oncle Sam. Mais là encore je n’y voyais pas de la chance, nous avons toujours su à qui nous le devions, et je l’espère nous pourrons les remercier à notre manière. Ces récits sont déjà un début pour pouvoir partager avec eux les plaisirs de notre voyage.
Et puis j’ai vu…
Des enfants de huit ans cirer des chaussures pour un quart de dollard. Des gamines de quatorze ans porter leur bébé sur le dos. Des champs de mines anti-personnel. Des petits bouts de choux au joues éclatées par le froid. Des sourires édentés. Un junkie resté perché sur le trotoir, il s’était pissé dessus, et à côté un policier dresser son procès verbal en sifflotant. Des chercheurs d´or, n’ayant même plus de quoi s’acheter un bout de pain, dormir au milieu de la rue en plein après midi, la morve au nez. Et un prof en vacances se pleindre de ne pas avoir de treizième mois.
Alors oui, Nous avons de la chance… Et si je met une majuscule c’est que je ne pense pas qu’à nous deux.
La chance d’avoir eu accès à une éducation, sexuelle entre autres, et à un enseignement. D’avoir accès à des soins. De pouvoir manger à notre faim. De ne pas connaître la guerre. Et peut être tout simplement de pouvoir faire des choix.
3 juin 2008 à 14:05
Ne m’en parle pas !
Tous les jours, je me le dis.
Par contre, quand tu vas découvrir les dernières nouveautés de notre super gouvernement, franchement, cette idée de chance va te passer pour un petit moment.
Du coup, je pense que la seule chose à vous dire, c’est : “Bonne chance”
3 juin 2008 à 17:45
C’est une question de choix… mouii… ou pas…
Ca dépend des économies que tu peux faire. Moi je ne peux pas. Avec ce que je touche je ne peux pas me permettre pour l’instant de mettre de côté.
Et c’est marrant, ce que vous avez vu. Ici, à part les champs de mines, on a déjà tout ça. La misère humaine est universelle, le système fait des victimes partout. Ici il n’y a pas de gamins de 8 ans qui bossent dans la rue, il y a des gamines de 12 qui proposent la pipe à 5 euros 30 (le prix du paquet de marlboro). Tout dépend de ce que tu acceptes de regarder et surtout de voir au coin même de ta rue. Ici il n’y a pas de “voyeurisme” (je ne dis pas ça pour vous, je dis ça dans le sens où il y a finalement peu d’accès visuel à la misère) puisque comme la classe moyenne est encore dominante, nous avons la possibilité de les cacher.
Je ne vous considère pas comme chanceux, mais privilégiés quand même. Et je dis ça sans jalousie. Pour moi Nous ne sommes pas chanceux, Nous sommes des gros privilégiés ^^
Je vous embrasse très fort !!
Ps : Merci pour la carte !
4 juin 2008 à 5:00
@ Sylvain: Chut, ne me dis rien, je veux garder les surprises jusqu´à notre retour.
@ did: C´est une question de choix… Ou peut être tout simplement de chance de pouvoir faire des choix (de privilège si tu préfères, ça me va aussi).
C´est intéressant que tu parles de misère humaine parce que j´avais bien fait attention de ne pas utiliser ce terme. En fait on en a très peu vu au cours de notre voyage et étonnament pas dans les coins les plus pauvres. Alors forcément on n´est pas allés visiter des bidonvilles, mais dans les pays les plus pauvres que nous avons traversés on a presque toujours vu du travail et à manger pour tout le monde. Je dirais même que d´une manière générale on a rencontré une joie de vivre hors du commun par rapport à ce que nous connaissons en europe, et même édenté un sourire reste un sourire. En contrepartie la misère humaine que nous avons vue nous l´avons surtout rencontrée dans les grands centres urbains où les écarts de richesse peuvent être indécents et au chili et en argentine qui sont quand même au dessus du lot d´un point de vue économique. Quand j´y repense je crois que l´exemple de misère humaine qui nous a le plus choqué au cours de notre voyage c´était à la sortie du métro à new york city.
Et en même temps il y a des choses que je ne considère pas comme étant de la misère mais qui me choquent quand même et me permettent de me poser des questions qui d´ordinaire sont bien lointaines parce que je n´ai pas l´habitude d´y être confronté au quotidien. Le travail des enfants, le fait de tomber enceinte par manque d´éducation, les conséquences de la colonisation, celles de la globalisation… Et pourtant ça n´empêche pas systématiquement le bonheur. Je crois que c´est porteur d´espoir, et peut être aussi d´un message, mais j´essaye encore de le déchiffrer.