Patagonia
Depuis longtemps déjà la patagonie chatouille mes rêves de randonneur. Rien que le nom évoque des paysages que je n’ai jamais vu mais qui sont bien présents dans mon imagination. Et sa traduction espagnole me parle encore plus. Je me demande d’ailleurs pourquoi on a toujours besoin de traduire les noms propres, par exemple on trouve un peu partout en amérique du sud des rues au nom de cristobal colòn alors pourquoi nos livres d’histoire parlent ils de christophe colomb?
En partant du chile, pardon du chili, nous avons pris la route vers la région des lacs par une route de plus en plus petite à mesure que nous avancions. Les quelques rares panneaux publicitaires que nous apercevions sur le bas-côté n’affichaient plus des blondes pulpeuses aux cheveux brillants mais des hommes en tenue de chantier pour vanter les mérites de quelques marques de tronçonneuses. On sentait vraiment qu’on approchait des limites de la civilisation.
La forêt s’intensifiait et ressemblait étrangement à une autre que j’ai traversée il y a une décade avec ma soeur et un professeur de philosophie belge, ça ne s’invente pas. On pouvait facilement imaginer au vu de la mousse qui recouvrait les rochers et les arbres que des trolls vivaient encore par ici.
Et puis en redescendant de l’autre côté de la montagne on a rejoint la pampa et ses horizons infinis qui laissent vagabonder l’âme. Les couleurs se diversifient, de l’argent des bois et lacs aux rouges et ocres de la terre en passant par les verts et jaunes de l’herbe et les bleus et gris du ciel. La terre est tellement plate qu’on peut en deviner la courbure au niveau des nuages qui semblent surgir du sol à l’horizon. Et quand cette planitude pourrait devenir monotone et que les couleurs s’estompent un peu c’est dans le ciel qu’apparaissent d’autres paysages charmeurs avec une flotte de cumulo-nimbus annonciateurs de pluie qui semblent naviguer dans cet océan qui nous surplombe.
Et toujours sur le bord de la route les clotures nous accompagnent inlassablement, rappelant à tout instant qu’ici même s’il y a plus d’espace qu’on ne pourrait en parcourir à pied dans une vie chaque mètre carré est propriétée privée. C’est le vent qui en couchant quelques kilomètres de cloture par endroits nous montre à quel point il est dérisoire de prétendre s’approprier ces espaces. Ce sont quand même les élevages qui font la richesse économique de la région, la plupart des estancias ont en moyenne moins d’un mouton par hectare, ce qui n’empêche pas les plus grandes d’avoir plus de cent mille têtes de bétail.
Quand on repart vers l’ouest on se rapproche systématiquement des andes dans lesquelles on peut faire de l’andinisme et non pas de l’alpinisme. Mais sans monter aussi haut on voit déjà réapparaitre des collines et des arbres, systématiquement pliés sous la force du vent. On s’attendrait presque à croiser la horde au fil de nos ballades ou au gré du vent, et il faut avouer que par moment un golgoth ne serait pas de trop pour nous aider à contrer quand le chemin remonte face au vent.
Un peu plus étonnant que la présence du vent à laquelle nous étions préparés c’est la force du soleil. Tout au sud, au bout de notre panaméricaine quand le seul moyen de continuer serait de prendre un bateau pour l’antartique nous décidons de rebrousser chemin et de remonter vers le nord, mais nous n’avons jamais été autant au sud, et ici le trou dans la couche d’ozone est une réalité qui t’oblige à te protéger sans arrêt. Et quand tu passes la journée dehors mais que tu oublies de mettre de la crème solaire parce que le ciel est couvert de nuages tu finis bien rouge, à la limite du coup de soleil.
Ces conditions climatiques particulières n’empêchent pas la prolifération des animaux et on peut voir tout au long du voyage les élevages de moutons, boeufs, guanacos; une sorte de camélidé proche du lama; nandous; à mis chemin entre l’autruche et le dodo; et chevaux. Une excursion dans le détroit de magellan nous aura permis de découvrir des manchots et des lions de mer et nous avons aperçu des dauphins noir et blanc comme des orques lors que la traversée en ferry pour revenir de la terre de feu. Sur la grande île nous avons surtout vu des oiseaux, dont des rapaces au bec bleu qui auraient bien voulu se joindre à notre petit déjeuner, une sorte de pivert au plumage noir et au bec rouge, et des flamands roses; mais aussi un castor et des dizaines de lièvres.
Enfin je voudrais rétablir la vérité à propos d’Ushuaïa dont tout le monde nous disait du mal, en fait c’est une ville sympathique qui ressemble beaucoup à une station de sport d’hivers espagnole, genre font-romeu, mais la mer en plus. Il est vrai que punta arenas est un peu plus dépaysante mais puerto natales avec ses airs de station balnéaire en plein hivers n’est pas beaucoup plus attrayante.
2 avril 2008 à 4:36
Hé bé hèou ! J’adore. Continuez.
Nada más.