le désert
On ne le dit pas assez souvent, mais une très grande partie de la côte pacifique de l´amérique du sud est constituée d’un immense désert qui serait le plus aride du monde. En effet dans certains endroits de ce désert aucune précipitation n’a été enregistrée depuis l’installation de stations météorologiques il y a un peu plus de quatre-vingt ans.
On a commencé à ressentir ce désert dès le nord du pérou, quand on est descendus des montagnes pour aller vers la côte à chiclayo. Le paysage semi-désertique comportait encore quelques arbres mais le précurseur qui nous montrait déjà vers quoi nous allions c’était la poussière. C’est après lima qu’on a vraiment pu voir des étendues désertiques, sans rien d’autre que des montagnes à l’horizon d’un côté et de temps en temps l’océan qui montre le bout de son nez de l’autre.
Mais le plus impressionant ce sont les quelques deux mille kilomètres d’étendues désertiques que nous avons traversées au nord du chili entre arica et santiago.
Impressionant de par sa diversité, c’est d’abord un désert de plateaux dont la croute rocheuse est léchée par les vents, faisants apparaître ici et là des mini tornades de poussière. Ces grands plateaux sont découpés par de profondes vallées qui conduisent quelques fleuves depuis les andes vers l’océan, en permettant à une végétation toujours basse de prendre pied au fond des valons. La main de l’homme intervient d’ailleurs dans certaines de ces vallées pour en améliorer l’irrigation et mettre en places quelques maigres cultures.
Dès qu’on redescend de ces plateaux on se retrouve à nouveau sur des étendues qui paraissent sans fin, sur lesquelles on peut suivre pendant des heures les vestiges d’une voie férrée désaffectée qui croise parfois de petites villes abandonnées. On longe aussi des hectares de rocaille qui semblent avoir été labourés. Vraissemblablement il s’agit plutôt des restes recrachés par les mines à ciel ouvert que l’on peut parfois apercevoir au loin et les camions d’acide sulfurique que l’on croise appuient cette hypothèse. En plein après midi les mirages sont nombreux, on discerne très bien ces flaques de la couleur du ciel qui semblent flotter sur le sol et pourraient facilement passer pour de l’eau si nos esprits étaient embrumés par la chaleur et la déshydratation. On voit aussi les rares villes longtemps avant d’y arriver, véritables oasis de verdure au milieu des champs de poussière.
Et puis petit à petit un peu de relief réapparait en même temps que des végétaux. D’abord uniquement des cactus, rapidement accompagnés de bosquets tout secs et d’herbe jaune. La présence humaine est à nouveau visible en dehors des villes avec quelques clotures ou parcelles délimitées par des cactus et même des arrêts de bus sur le bord de l’autoroute.
Enfin des herbes hautes parsemées de grand cactus nous montrent qu’on approche. De santiago bien sûr, mais surtout de la patagonie.